Corruption en France : le Manuel Secret des Corrupteurs Dévoilé – Enquète de Micode

Article de Kami

« Les 20 millions d’euros volés aux habitants de la ville d’Europouillet se sont retrouvés dans les impôts plus tard. Les gens ont payé deux fois. » Cette phrase glaçante résume à elle seule le problème de la corruption en France. Un président de la République définitivement condamné pour atteintes à la probité, un Premier ministre dans le même cas, 25% des députés européens liés à une affaire, 2500 maires et élus locaux poursuivis par la justice…

La corruption n’est pas un phénomène lointain. Elle nous impacte au quotidien. Vos impôts locaux ont explosé cette année ? C’est peut-être que votre maire achète ses chaises à un ami à 700 euros pièce. Vous attendez un logement social depuis 3 ans ? Quelqu’un a probablement payé pour vous passer devant. Il existe un manuel non écrit, transmis de bouche à oreille, qui compile les techniques de ceux qui agissent dans l’ombre. Voici l’iceberg de la corruption.

Le marché noir des logements sociaux : 4000 euros pour griller la file d’attente

Trafic de logements sociaux HLM

En France, les logements sociaux représentent le Graal pour de nombreux citoyens. La garantie de louer un appartement pas cher pendant des années. Le problème ? 70% des Français sont éligibles, 4 millions attendent leur tour, et il n’y a que 400 000 nouveaux logements par an. Les délais d’attente sont monstrueux.

Sur Telegram, des dizaines de groupes proposent ouvertement une solution : « Logements sociaux dispo dans l’Oise, paiement une fois le logement attribué », « Logement disponible CDC Habitat, paiement en espèce uniquement ». Contre 4000 euros en cash, vous obtenez le droit à un logement social. Le système est rodé : un rabatteur sur Telegram, un chargé de clientèle véreux chez un bailleur social, et une commission de validation complice.

Un journaliste a filmé l’intégralité du processus. Le rabatteur explique : « Ça fait 7 ans que je fais ça. Si tu payes pas, tu l’as pas. C’est normal parce qu’ils le vendent aux gens. De nos jours en France, il y en a beaucoup qui galèrent parce qu’ils savent pas que tout se paye. » Selon l’Ancols, le gendarme officiel des HLM, 50% des bailleurs sociaux audités ont des pratiques irrégulières.

Comment un peintre en bâtiment est devenu millionnaire en corrompant des maires

Antonio De Sousa était peintre en bâtiment. Dans les années 2000, il décide de se reconvertir dans la promotion immobilière. Son business model : acheter des terrains, construire dessus, revendre à la découpe. Mais la concurrence est féroce. Alors De Sousa a une idée : corrompre des maires.

Sur le papier, un maire de petite commune paraît peu puissant. Pourtant, depuis les années 80, ils détiennent un super-pouvoir : le Plan Local d’Urbanisme (PLU). Cette carte dicte quels terrains sont constructibles. Les zones agricoles valent 3 euros le mètre carré. Les zones constructibles ? 20 fois plus cher.

De Sousa identifie la faille : les maires sont pauvres. Ils gagnent 1500-2000 euros par mois. Il leur propose des travaux clandestins gratuits : piscines creusées, maisons agrandies, appartements rénovés en toute discrétion. En échange, ils modifient le PLU en sa faveur. Un verger acheté 50 000 euros (3€/m²) vaut désormais 11 millions. D’un trait sur la carte, le maire a multiplié son prix par 200.

Une adjointe au maire découvre les permis de construire irréguliers et dénonce son chef. Elle est virée pour « proximité avec l’opposition ». Mais elle emporte les preuves. Cinq ans plus tard, De Sousa est condamné à 50 mois de prison, interdit d’exercer dans le BTP. Quatre maires perdent leur mandat.

Les marchés publics : le jackpot de la corruption en France

Corruption marchés publics BTP

L’État est le premier acheteur du pays. Routes, écoles, systèmes informatiques : dès qu’une collectivité a besoin de quelque chose, elle passe des contrats avec des entreprises privées via des appels d’offres. Gagner ces marchés publics, c’est le jackpot.

Comment truquer le système ? Vous payez celui qui organise les appels d’offres et, en échange, vous décrochez les contrats sans concurrence. Vous êtes le seul à soumissionner, ou les autres sont disqualifiés pour des raisons administratives. « Quasiment l’ensemble des agents savaient, avant même qu’un marché soit lancé, que ce marché-là irait à tel candidat », témoigne un ancien fonctionnaire.

Le BTP représente deux tiers des marchés des collectivités. C’est aussi un domaine où les prix sont difficilement comparables. Si vous construisez un pont, personne ne sera capable de dire qu’il aurait dû coûter 80 millions au lieu de 120. Les corrupteurs peuvent augmenter leurs factures de 20 à 30% sans que personne ne s’en aperçoive.

Les cartels de corruption : quand les concurrents s’allient pour piller l’État

Cartel de corruption réunion secrète

Le problème de remporter tous les marchés d’une ville, c’est que ça finit par se voir. C’est là qu’intervient une technique plus sophistiquée : le cartel de corruption. Le principe : vous allez voir vos concurrents et leur proposez un pacte. « Au lieu de se battre, on va gagner chacun son tour. On va se partager le gâteau. »

Une fois les contrats sécurisés, vous passez à l’objectif réel : augmenter les prix. Vous proposez au maire un pourcentage sur chaque facture en échange de sa discrétion. C’est le fonctionnement de base du cartel de corruption avec des commissions en pourcentage qui alignent les intérêts.

Dans les années 90, au conseil régional d’Île-de-France, tous les partis politiques se sont mis d’accord pour racketter les entreprises du BTP. Ils prenaient 2% sur chaque contrat pour financer leurs caisses occultes. Le cartel a prospéré pendant 10 ans. 47 personnes ont comparu, dont quatre anciens ministres. « Nous avons été nombreux, à droite comme à gauche, dans tous les partis politiques, y compris au Front National », a reconnu l’un des accusés.

Odebrecht : le système de corruption le plus sophistiqué au monde

Affaire Odebrecht corruption internationale

Odebrecht était une multinationale brésilienne tentaculaire : énergie, pétrochimie, BTP. Cette famille pratiquait la corruption depuis trois générations, mais dans les années 2000, ils ont eu une intuition révolutionnaire : faire de la corruption chirurgicale. Cibler les 1% des 1%, les chefs d’État capables de débloquer des contrats monumentaux : aéroports, parcs olympiques, centrales électriques. À la clé : des milliards de dollars.

Problème : un chef d’État, ça coûte cher. On ne parle plus de pots-de-vin à 10 000 euros mais à 100 millions. Comment rester sous les radars ? Odebrecht crée une direction secrète avec deux objectifs. Premier : le « noircissement d’argent » (l’inverse du blanchiment). Des dizaines de sociétés écran facturent des prestations bidons : sous-traitants qui ne sous-traitent pas, consultants qui ne consultent pas.

Deuxième objectif : sortir le cash. À São Paulo, des marchands chinois ont des piscines de billets qu’ils ne peuvent pas utiliser légalement. Odebrecht leur propose un échange : ils paient leurs fournisseurs à Hong Kong, et récupèrent le cash par camions. Des policiers à la retraite font le tour des boutiques en fourgon, entreposent les billets dans un bunker.

Sur 15 ans, Odebrecht a distribué 788 millions de dollars de pots-de-vin. Leur chute vient d’une plainte sans rapport avec eux et de la « délation récompensée » brésilienne. Le fils Odebrecht, condamné à 19 ans, dénonce 77 cadres qui dénoncent 415 politiciens. La présidente du Brésil est destituée. Au Pérou, tous les présidents élus depuis 2001 sont poursuivis.

Les frères Gupta : comment trois Indiens ont pris le contrôle d’un pays entier

Affaire Gupta capture État Afrique du Sud

Les frères Gupta viennent d’une famille modeste du nord de l’Inde. Leur père possédait des épiceries locales. Émigrés en Afrique du Sud, ils enchaînent d’abord les échecs. Puis ils gagnent mystérieusement des appels d’offres contre Dell et HP. Ils comprennent vite que travailler avec les élus, ça paye.

Leur plan sur 20 ans : deviner qui sera le futur président et le corrompre avant son élection. Ils identifient Jacob Zuma, vice-président, figure montante… et pourri. Zuma refuse de payer ses impôts, signe des chèques en bois. Les Gupta le financent sans rien demander en retour. Pour s’assurer sa loyauté, ils font entrer son fils préféré dans leur holding avec 45% des parts.

En 2009, Zuma devient président. Les Gupta prennent le contrôle des entreprises publiques via le pouvoir de nomination. Trains, avions, électricité : chaque fournisseur doit surfacturer de 10-20% et exfiltrer la différence sur des comptes à Hong Kong ou Dubaï. Résultat : les trains sont à l’arrêt, la compagnie aérienne fermée, des coupures d’électricité jusqu’à 12h par jour.

Quand le ministre des Finances s’oppose à eux, ils le convoquent et lui annoncent : « Vous devez comprendre qu’on contrôle tout et que le vieux fera tout ce qu’on lui dit de faire. » Bilan : 100 milliards de dollars détournés ou gaspillés, 3% du PIB par an pendant 10 ans, une décennie de développement perdue. Les Gupta vivent aujourd’hui dans un palais à Dubaï.

La France et les lanceurs d’alerte : 200 000 témoins, 1% de plaintes

Lanceurs d'alerte corruption France

En France, jusque dans les années 90, la corruption était tellement admise que l’État défiscalisait les pots-de-vin. Les entreprises déclaraient chaque versement à un bureau secret du fisc, le C3F, qui n’apparaissait sur aucun organigramme. Les commissions passaient en charge sous l’appellation innocente de « frais commerciaux exceptionnels ».

Toutes les histoires de corruption partagent une faille commune : il suffit qu’une personne parle pour que les dominos tombent. Une adjointe au maire avec des permis de construire. Un vice-ministre qui refuse de se taire. Un petit commerçant qui dénonce un banquier.

En 2025, 200 000 Français déclarent avoir été témoins d’une situation de corruption. Seulement 1% d’entre eux ont porté plainte. On les comprend : dénoncer, c’est s’exposer. Il n’y a pas une histoire où les lanceurs d’alerte ne sont pas licenciés, menacés de mort ou cambriolés. Et pourtant, certains le font quand même. Ils s’obstinent, peut-être parce qu’ils savent que c’est eux ou rien. Ils sont le dernier espoir de la justice.


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