Neo : Le robot à 20 000$ est-il une « arnaque » ? Analyse d’une promesse « Fake it ’til you make it »

Article de Kami

La sphère technologique est en ébullition suite à la présentation de « Neo », un robot humanoïde domestique conçu par la société 1X. Vendu au prix de 20 000$ (ou 500$ par mois) et disponible en précommande, Neo promet de révolutionner notre quotidien en prenant en charge l’intégralité de nos corvées.

Mais cette présentation, qui dépeint un futur à la « Jetsons », est-elle réelle ? Ou assistons-nous à une nouvelle démonstration de la stratégie du « fake it ’til you make it » (faire semblant jusqu’à ce que ça devienne réalité), où la promesse vendue est à des années-lumière du produit actuel ?

L’analyse de la présentation et des premières démonstrations, notamment celle détaillée dans la transcription fournie, suggère que nous sommes en plein dans le second cas.

Le Rêve Vendu : Une Autonomie Totale

La vidéo de présentation de Neo est conçue pour faire rêver. On y voit un robot de 1m67, capable de :

  • Plier le linge et le ranger.
  • Faire la vaisselle de A à Z.
  • Arroser les plantes sans jamais en oublier une.
  • Passer l’aspirateur et ranger le désordre.
  • Trouver la télécommande perdue.

L’argument de vente est simple : ne plus jamais faire de corvées. Pour les personnes ayant des problèmes de mobilité, il agirait comme un véritable assistant personnel. Une promesse d’une valeur inestimable, disponible dès maintenant en précommande.

La Dure Réalité : Un Robot en « Télétravail »

Le problème, comme le souligne l’analyse, c’est que ce robot n’est pas (encore) ce qu’il prétend être.

La journaliste Joanna Stern (du Wall Street Journal, mentionnée dans la source) a pu assister à une démonstration du robot Neo. Le verdict est sans appel : 100% des tâches complexes qui lui ont été montrées (charger un lave-vaisselle, transporter des objets) étaient téléopérées.

C’est-à-dire qu’un opérateur humain, dans une autre pièce, contrôlait le robot à distance à l’aide d’un casque VR et de contrôleurs.

En examinant attentivement la vidéo de présentation officielle de 10 minutes, on remarque que l’entreprise n’a labellisé que deux actions comme « autonomes » :

  1. « Ouvrir la porte » : Le robot se dirige vers la porte, attrape la poignée et recule maladroitement.
  2. « Ranger la vaisselle » : Le robot s’approche d’une personne, prend un gobelet vide (non fragile) et s’en va.
Je trouve cette action particulièrement flippante, j’imagine pas des enfants à proximité du robot..

C’est impressionnant, mais extraordinairement limité. Tout le reste – le cœur de la promesse – est, selon toute vraisemblance, contrôlé par un humain.

La Stratégie : Payer 20 000$ pour être Bêta-Testeur

L’enjeu principal n’est pas le prix, mais « l’écart » (the gap) massif entre ce que Neo peut faire aujourd’hui et ce qu’on promet qu’il fera.

Pourquoi annoncer un produit si inachevé ? La réponse se trouve dans la stratégie de développement de l’IA, similaire à celle de Tesla avec sa conduite autonome (FSD).

Pour qu’un robot soit vraiment autonome dans une maison, il doit apprendre. Il lui faut des milliers d’heures de données pour reconnaître chaque objet, comprendre la disposition de millions de foyers différents, et savoir plier un t-shirt ou manipuler une assiette en verre.

La stratégie de 1X est donc la suivante :

  1. Vendre le rêve pour attirer les « early adopters » (premiers utilisateurs).
  2. Utiliser ces clients comme bêta-testeurs pour collecter les données nécessaires.

Le site web de Neo mentionne d’ailleurs un « Expert Mode ». Lorsque le robot est confronté à une tâche qu’il ne sait pas faire, le client peut « planifier » l’intervention d’un employé de 1X qui, via la téléopération, prendra le contrôle du robot pour effectuer la tâche. Le robot est censé « apprendre » en regardant l’humain faire.

Les Dangers de la Promesse

Cette approche « fake it ’til you make it », de plus en plus courante dans le secteur de l’IA (Humane Pin, Rabbit R1), pose d’énormes problèmes :

  • La vie privée : Les clients acceptent-ils de payer 20 000$ pour un produit qui nécessite que des inconnus regardent à travers des caméras et écoutent via des micros dans leur maison ?
  • La sécurité : Le robot est décrit comme « maladroit » et « lent ». Que se passe-t-il s’il fait tomber du verre ou, pire, s’il se trompe en donnant des médicaments à une personne âgée ?
  • Le public cible : Les personnes qui bénéficieraient le plus de ce robot (personnes âgées ou handicapées) sont celles qui sont le moins susceptibles de vouloir devenir des bêta-testeurs et de gérer les risques liés à la confidentialité.

Conclusion : « Fake » ou « Futur » ?

Alors, cette présentation est-elle un « fake » ?

  • Non, ce n’est pas un fake total : Le matériel (le robot physique) existe.
  • Oui, la présentation est trompeuse : Elle vend une capacité (l’autonomie) qui, dans l’état actuel, est quasi inexistante pour les tâches complexes.

La présentation de Neo n’est pas celle d’un produit fini, mais le lancement d’un gigantesque programme de bêta-test payant. 1X ne vend pas un robot ménager ; l’entreprise vend une place en première ligne pour peut-être assister à sa création, tout en demandant à ses clients de fournir la matière première (leurs données, leur vie privée) et de payer le prix fort pour ce privilège.

La vraie question est de savoir combien de personnes sont prêtes à payer 20 000$ pour combler « l’écart » entre le rêve de l’IA et la réalité actuelle.


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